Tranche de vie d'une patiente....Second Souffle.
Nous en étions à un certain nombre de séances... Elle prenait son travail au sérieux... Ellle venait à chaque rendez-vous tantôt silencieuse tantôt parlant de choses et d'autres.... Parmi tout ces non-dits je décelais l'essentiel miette par miette.
_"Je me sens fatiguée" me lança t'elle...
_"Vous l'êtes souvent" répondis-je.
_"Je le suis tout le temps c'est bien ça le problème. Je n'ai que 28 ans et je suis épuisée de tout, je ne supporte plus rien. C'est insupportable cette souffrance interne, j'ai l'impression de porter tellement de bagages que je suis incapable de reconnaitre les miennes. J'ai peur tout le temps mais sans définnir d'ou vient ma peur. Peut être que je ne suis tout simplement pas à la bonne place en même temps je n'ai jamais vraiment trouver ma place. Vous savez ce à quoi j'aspire? A un bonheur simple sans stress, juste se lever le matin et respirer l'air en étant bien parceque les choses sont normles. Personne pour vous juger, vous rabaissez, vous humiliez, vous dirigez... L'autre serait un accompagnateur dans ma vie pas un dictateur. Vous trouvez que j'en demande trop??????".
Je la fixais.... Je ne suis pas là pour répondre à vos questions mais pour vous y aider à y répondre vous même.
Alors :
_"trouvez-vous que vous en demandiez trop?".
Elle se mit à sangloter de plus en plus fort.
_"Qu'il de la chance l'imbécile heureux, il ne se rend compte de rien, ni de la laideur, ni de la tromperie, ni du mensonge, ni de l'amour qui se ternit. Il est juste heureux sans voir l'envers du décor. Pourquoi ne suis je pas comme lui??? La claire-voyance c'est comme une maladie qui vous ronge un peu plus chaque jour".
Débi, j'aimerai que vous me parliez d'un souvenir heureux, celui qui vous vient spontanément.
_"C'était l'année de mes 11 ans ma grand-mère m'avait emmené à la plage. Nous étions sur la Côte d'Azur le soleil brillait. J'avais une fleur tahitienne dans les cheuveux ma grand-mère m'en offrait de toutes les couleurs. J'avais un peu d'appréantion pour rentrer dans l'eau. Ma grand-mère m'a pris la main et m'a dit:"ma chérie laisse toi aller fais toi confiance et tout ira bien". J'ai passé un moment fabuleux dans l'eau à nager, rire et chanter avec ma grand-mère. C'était comme un second souffle!".
Elle se remit à sanglotter mais cette fois en silence puis elle ne sortit plus aucun mot de sa bouche, peut être pour garder ce nouveau souffle encore un peu à l'intérieur d'elle.
Lorsqu'elle s'en alla je me mis devant mon écran afin de retranscrire ma séance. J'étais comme désarmée et appeurée de ce que la vie pouvait faire, des traces qu'elle laissait. Cette fragilité et cette force crée ce déquilibre presque parfait dans lequel seule la brillance non consciente pouvait s'engouffrer....